Le monde s'est brisé, puis il est redevenu Un

Quand je pense à mon enfance, la première chose qui me vient à l’esprit est l’expérience d’avoir beaucoup d’eczéma. Cela a commencé quand j’avais 3 ans ; mon corps était souvent couvert d’eczéma, du visage jusqu’aux pieds, jour après jour, pendant des mois.

Et pourtant, je ne me sentais pas malheureuse. Je ne me demandais pas pourquoi ma peau me démangeait autant, ni ne me sentais triste à cause de ces conditions physiques, car c’était la seule vie que je connaissais. Je vivais simplement cette vie, comme elle venait. C’était pour moi un état habituel, presque “normal”, jusqu’au jour où ma mère a prononcé une phrase qui a tout changé :
“Si seulement je pouvais prendre ta place, je le ferais volontiers.”

À ce moment-là, tout en étant touchée par la gentillesse de ma mère, j’ai pris conscience de l’existence de l’autre. Jusqu’à ce jour, il n’y avait que moi dans mon monde (j’avais environ 4-5 ans). Je voyais d’autres personnes, mais c’était comme si elles faisaient partie de ma propre existence. Il n’y avait ni comparaison avec les autres, ni sentiment d’infériorité. Avec cette phrase, j’ai soudain réalisé que les autres vivaient une vie différente de la mienne. À partir de ce moment, des pensées telles que “J’aimerais avoir un autre corps”, “Les autres n’ont pas ce problème comme moi” ou “Je suis misérable” ont commencé à émerger.

Je raconte cet épisode non pas avec un sentiment amer, mais au contraire avec un sourire. Tôt ou tard, cette expérience de la séparation entre moi et le monde devait arriver, car c’est une étape inévitable en grandissant. Le monde, alors divisé en innombrables morceaux, a marqué le début de mon chemin : un retour vers l'Unité que je connaissais auparavant. Il a fallu quelques décennies pour que la Réalité retrouve Sa plénitude, mais ce chemin a été rempli de surprises, de belles connexions et de ce qui est profondément vrai.